Jochen Mass était un géant. Cet enfant bavarois fasciné par les bateaux et la navigation semblait promis à une carrière dans la marine, mais une expérience en tant que commissaire aux abords d’une course de côte lui déclencha une tout autre passion. Dans les années 1960, il fait ses armes sur des petites épreuves, se faisant prêter des Alfa Romeo par le concessionnaire pour qui il travaille comme apprenti. Puis, le rayonnement national, et enfin, la chance de s’exprimer sur la plus grande scène.
Le début des années 1970 marque un énorme tournant dans sa vie. Il se présente alors régulièrement au départ de courses de plus en plus importantes, et participe, dès 1972, à ses premières 24 Heures du Mans, pour le compte de l’antenne germanique de Ford. Puis vient la Formule 1, à partir de 1973, pour Surtees. Ces débuts discrets en monoplace ne reflètent pas le talent de l’Allemand, qui décroche un volant McLaren pour l’année 1975. C’est avec la mythique équipe britannique qu’il remporte son seul et unique Grand Prix en Espagne, sur l’impardonnable tracé de Montjuïc. S’il n’arrive pas à répéter son exploit, il demeure performant chez McLaren jusqu’à la fin de la saison 1977.
À la même époque, il revient au Mans pour disputer les 24 Heures, cette fois en tant que pilote officiel pour Porsche, avec Jacky Ickx et Henri Pescarolo en 1978. Durant la décennie suivante, dominée par le constructeur de Stuttgart, il ne triomphe jamais, mais fait toujours partie des favoris, que ce soit au volant de la Porsche 936, de la 956 ou de la 962C. Le Mans lui résiste, mais Jochen Mass s’impose sur différentes épreuves d’endurance de premier plan.
En 1988, un autre chapitre s’ouvre. Il s’engage avec Sauber-Mercedes, en quête d’une victoire sur le double tour d’horloge. La première participation avec sa nouvelle équipe se solde par un abandon, mais la deuxième est la bonne. Lors de l’édition 1989, Jochen Mass rompt le mauvais sort et remporte les 24 Heures du Mans sur une Sauber-Mercedes C9, accompagné de Stanley Dickens et Manuel Reuter.
Le Bavarois reste attaché à Mercedes-Benz, et va jusqu’à aider l'émergence de trois jeunes flèches allemandes : Karl Wendlinger, Heinz-Harald Frentzen, et, bien sûr, Michael Schumacher. Il retente l’expérience mancelle en 1991, sur Mercedes-Benz C11, mais sans succès. Après avoir raccroché le cuir, Jochen Mass ne s’éloigne jamais des paddocks, et officie en tant que consultant à la télévision. Cependant, l’appel de la piste est trop puissant : il revient une dernière fois au Mans, en 1995, au volant d’une McLaren F1 GTR. Un problème d’embrayage met fin à sa course dans la nuit, et conclut ainsi le chapitre manceau de sa vie.
Par la suite, l’Allemand travaille étroitement avec Mercedes-Benz dans le but de valoriser son histoire. Son impressionnant palmarès en endurance et sa victoire en Formule 1 dans une ère très compétitive en font l’un des pilotes les plus respectés de sa génération.
À sa famille et à ses proches, l’Automobile Club de l’Ouest présente ses plus sincères condoléances.